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Revue TDFLE n°83 - Didactique des langues, regard sur la grammaire et désir de langues chez Lucien Tesnière – enjeux épistémologiques en linguistique appliquée

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samedi 15 octobre 2022
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Didactique des langues, regard sur la grammaire et désir de langues chez Lucien Tesnière – enjeux épistémologiques en linguistique appliquée

Coordonné par Jean Léo Léonard et Michèle Verdelhan Bourgade (Université Paul-Valéry Montpellier 3)

Ce numéro thématique de TDFLE sera consacré à l’œuvre et à la pensée de Lucien Tesnière (1893-1954), du point de vue de sa contribution, explicite ou implicite, personnelle ou différée, à la didactique des langues, au traitement automatique des langues, ainsi qu’à l’épistémologie dans des domaines aussi divers et d’actualité que l’épistémologie des sciences du langage du point de vue de l’interdisciplinarité (ou la transdisciplinarité), les théories de la complexité appliquées aux conditions sociocognitives de l’apprentissage des langues, la typologie et l’aréologie[1] des langues et des espaces dialectaux ainsi que la description des langues associant terrain et approche philologique.

Bien que considéré indéniablement comme une figure majeure de la linguistique du 20ème siècle, Lucien Tesnière, comme tous les grands penseurs, est davantage connu pour quelques artefacts saillants de son œuvre, comme le stemma, la métaphore de l’actance comme micro-scénographie de l’énoncé en action et en contexte, les notions de connexion et de translation et leurs caractère heuristique dans l’élaboration de taxinomies des parties du discours. Certes, de multiples travaux ont réussi avec brio à diversifier la connaissance de son héritage conceptuel, théorique et pratique, comme le colloque de Rouen en 1992, ou l’important colloque qui s’est tenu en 1994 à l’Université de Ljubljana, qui réunissait des contributions de chercheurs francophones, germanophones et slavophones, qui élargissaient la réflexion, de la linguistique générale à la stylistique littéraire de la traduction, en passant par la didactique de la grammaire orthographique dans l’enseignement de la langue maternelle[2]. Il faut aussi compter avec le récent colloque organisé par Franck Neveu et Audrey Roig réalisé en septembre 2019 en Sorbonne célébrant le soixantenaire du Magnum Opus de Lucien Tesnière Éléments de syntaxe structurale (1959), qui constitue une pierre de touche dans l’histoire de la linguistique moderne, dont les actes vont paraître début 2022.

Or, il s’agit ici, dans ce numéro de TDFLE, de concentrer davantage l’attention et la recherche documentaire ainsi que la réflexion aussi bien heuristique que critique sur les cinq axes évoqués ci-dessous :

1) didactique des langues et pédagogie selon ou à travers l’œuvre de Lucien Tesnière ;

2) didactisation et manuels de langues : la contribution de Lucien Tesnière ;

3) actualité de la pensée de Lucien Tesnière pour le Traitement Automatique des Langues ;

4) le désir de langues et la passion des langues : Lucien Tesnière comme polyglotte et comme sujet apprenant ;

5) horizons et profondeurs épistémologiques : l’apport empirique et théorique de Lucien Tesnière à des domaines spécifiques (linguistique slave, notamment slovène et russe ; linguistique germanique, etc.).

Dans l’axe 1 (didactique des langues et pédagogie), on envisagera Lucien Tesnière (désormais, LT) comme penseur et acteur d’une linguistique appliquée, à partir de la linguistique générale et de sa maîtrise des langues. On s’intéressera à l’influence de l’enseignement des langues et de l’épistémologie de l’éducation sur sa pensée linguistique. On envisagera la variété des langues qu’il a abordées tout au long de sa réflexion à la fois comme cible de l’application didactique en grammaire mais aussi en didactique des langues, et comme source d’inspiration et d’intuitions dans sa démarche théorique (cf. annexe du présent appel à contributions). On s’interrogera sur l’actualité – la pertinence en 2021 – de cette démarche pour l’enseignement, ainsi que ses limites en fonction des contraintes actuelles qui pèsent sur nos métiers, mais aussi sur la flexibilité de nos méthodes et de nos façons de pensée. Avons-nous régressé, sur le plan théorique et méthodologique, par rapport aux idées ou aux intuitions de LT ? Ou avons-nous au contraire dépassé ou transcendé ses hypothèses et ses propositions sur l’apprentissage des langues, les méthodes en didactique et les prémisses socio-cognitives de la didactique des langues ?

Dans l’axe 2 (didactisation et manuels de langues), en quoi un manuel de russe tel que la Petite grammaire russe (Tesnière 1934) est-il à la fois représentatif de la méthode tesniérienne, de sa capacité autodidacte à apprendre les langues, de sa passion d’enseigner les langues ? A-t-on des traces de son utilisation ? Tesnière a écrit plusieurs manuels de langues, pour le russe, l’allemand, le français, le latin : quelles traces subsiste-t-il de leur conception ? Sachant combien LT était lié à un autre passionné de langues, Antoine Meillet, féru et auteur prolifique de précis, traités et manuels de langues anciennes et modernes, en quoi son approche de la ‘manuélistique’ des langues différait-elle de celle de son mentor et des prédécesseurs ? Quel est le châssis théorique et méthodologique des travaux relavant de ce paradigme de la linguistique descriptive et appliquée, et de la didactique des langues avant l’heure, dans le paradigme de la créativité tesniérienne ? Quelle était la part d’autodidactie personnelle (en qualité d’apprenant, du point de vue du destinateur, c’est-à-dire de l’auteur) et d’autodidactie projetée (du point de vue du destinataire que LT pouvait cibler) ? Quelles leçons en tirer, aujourd’hui, en cette ère de CECRL et autres « cadres de référence » de l’apprentissage et de l’évaluation des compétences en langues étrangères ? En quoi la conception de tels travaux restait-elle canonique, ou était-elle innovante ? Des manuels faisant appel à ses principes existent-il, et dans quels pays, avec quelles adaptations ?

L’axe 3 interroge un autre versant de la linguistique appliquée : l’actualité de la pensée de Lucien Tesnière pour le Traitement Automatique des Langues, qui va cependant concerner aussi l’enseignement. Un Centre Lucien Tesnière a été fondé à Besançon : nous solliciterons des travaux de ce groupe en relation avec la conception qu’avait LT de la structuration des langues et de la calculabilité des faits de langues. En quoi la grammaire de LT a-t-elle été et est encore susceptible d’intéresser les chercheurs en traduction automatique (cf. travaux de Hays, Lecerf, Brafford, etc.). Comment s’est résolue la concurrence du modèle dépendenciel et du modèle syntagmatique (Chomsky) ? En quoi l’héritage harrisien et bloomfieldien chez Chomsky diffère-t-il de l’héritage tesniérien en Europe ?  Une des applications du TAL étant l’EAO (Enseignement Assisté par Ordinateur), en quoi retrouve-t-on le souci de LT pour l’enseignement des langues dans les formes actuelles du TAL appliqué à la didactique des langues ? En quoi l’EAO est-il redevable, peu ou prou, à la pensée et aux méthodes de LT ?

En relation également avec l’axe 2 supra, l’axe 4 (désir de langues et passion des langues : Lucien Tesnière comme polyglotte et comme sujet apprenant) traitera plus spécifiquement de son ‘désir de langues’ (cf. TDFLE 2019, numéro spécial[3]) ? Qu’en est-il de ses nombreux travaux descriptifs et didactiques, par exemple sur l’allemand, à l’attention d’apprenants d’ALE (Allemand Langue Étrangère) ?

Enfin, l’axe 5 (horizons et profondeurs épistémologiques ) constitue-t-il l’arrière-plan linguistique sur lequel LT a appuyé sa pensée didactique ? En quoi LT a-t-il innové à la fois dans la continuité de courants de pensée existants dans des domaines de spécialités telle que la dialectologie des langues slaves, et de manière personnelle, notamment par sa synthèse, en termes d’anthropologie sociale et linguistique, des processus de diversification des langues dans l’espace et dans le temps ? Une relecture attentive de ses travaux sur le duel slovène s’avère, de ce point de vue, édifiante, et demanderait à être comparée aux travaux de romanistes tels que Millardet et Camproux (dialectologues montpelliérains), Séguy et Ravier (École de linguistique et de dialectologie de Toulouse).

En somme, la « planète Lucien Tesnière » reste encore un monde à redécouvrir et à explorer, en dépit des multiples explorations et sondes envoyées à sa rencontre, depuis la disparition de celui qui se garda bien sa vie durant, d’être un « Maître », tout autant qu’une « Étoile filante ». Il fut plutôt un système solaire à lui tout seul, sans être aucunement un système de pensée doctrinaire – et donc, une pensée ouverte, aboutissant à ce qu’Umberto Eco (1962) appelle une « Œuvre ouverte », et c’est cette constellation que ce numéro thématique de TDFLE se fixe pour objectif, en explorant en quelque sorte, la « face cachée » de cet astre à la fois unique et universel de la pensée linguistique moderne.

Les contributions viseront donc à apporter un point de vue nouveau, certes cumulatif, mais résolument exploratoire et critique, voire expérimental, sur ces cinq différents aspects de l’actualité du « corpus théorique et méthodologique tesniérien », en prenant soin d’éviter toute redondance – exercice aussi périlleux que stimulant.

Un fil rouge guidera les auteurs, qui aurait ravi Lucien Tesnière en son temps, au-delà de la consécration du penseur : l’amour des langues et la passion d’enseigner et d’apprendre les langues, au-delà de la seule raison théorique et pratique ou, comme dirait Kant, mâtinée de Nietzsche, au-delà de la « raison pure » – qui est par définition, une des raisons d’être de tout projet didactique et de transfert de savoir, au-delà du simple transfert de connaissances.

Références

COP B. et al. (dir.), 1994, Mélanges Lucien TesnièreLinguistica XXXIV/1, Ljubljana.

BRAFFORT P., 1968, L’intelligence artificielle, Paris, PUF. Chap. 5, p. 95-116, Syntaxe p. 100-116, http://www.paulbraffort.net/ia/ia.html 

CORTES J. & SAINTE-MARTINE F., 1993, Lucien Tesnière, linguiste et didacticien des langues. Permanence d’une œuvre longtemps oubliée, Mélanges offerts à Jean Peytard, vol. 2. Besançon, Presses Université de Franche-Comté, coll. Annales littéraires, p. 663-672.

DENIMAL A., DJORDJEVIC LEONARD, K. & PIVOT, B.  (éds.), 2019, Désir de langues, subjectivité, rapport au savoir : les langues n’ont-elles pour vocation que d’être utiles ?, https://revue-tdfle.fr/numeros/44-actes-1-desir-de-langues-subjectivite-et-rapports-au-savoir-les-langues-n-ont-elles-pour-vocation-que-d-etre-utiles

DE SANTIS C., 2019, Che cos’è la grammatica valenziale, (1ère ed. 2016), Roma, Carocci editore @Bussole.

ECO, U., 1962, Opera apertaForma e indeterminazione nelle poetiche contemporanee, Milano, Bompiani.

HAYS D.G., 1961, Grouping and dependency theories, Proceedings of the national symposium on machine translation, edited by H. P. Edmundson, Englewood Cliffs, N.J., 258-266

LECERF Y., 1960, Programme des conflits, modèle des conflits, La Traduction automatique, 4-5, p. 17-36.

LEON J., 2015, Histoire de l’automatisation des sciences du langage, Lyon, ENS.

MADRAY-LESIGNE F. & RICHARD-ZAPPELLA J., 1995, Lucien Tesnière aujourd’hui. Actes du colloque de Mont-Saint-Aignan en 1992, Louvain, Peeters.

NEVEU F. & Roig A., 2019, L’héritage de Lucien Tesnière 60 ans après la parution des Éléments de syntaxe structurale, colloque STIH septembre 2019, Sorbonne Université (sous presse, Mouton de Gruyter).

POGNAN, P. 2020. Pourquoi Tesnière est-il Tesnière ? Vie, œuvre et héritage. Ljubljana University Press. Accessible sur le lien https://e-knjige.ff.uni-lj.si/znanstvena-zalozba/catalog/download/246/353/5845-1?inline=1.

POGNAN, P. Lucien Tesnière et l’École de Prague. Univerzita Karlova, Matematicko-fyzikální fakulta, ÚFAL.

Quelques travaux de Lucien Tesnière

TESNIERE L., 1925, Les Formes du duel en slovène, Paris, Édouard Champion (thèse principale) & Atlas linguistique pour servir à l'étude du duel en slovène (thèse complémentaire), Paris, Champion.

TESNIERE L., 1934, Petite grammaire russe, Paris Henri Didier.

TESNIERE L., 1934, « Comment construire une syntaxe », Bulletin de la faculté des Lettres de Strasbourg, 12ème année, n°7, p. 219-229.

TESNIERE L., 1953, Esquisse d’une syntaxe structurale, Paris, Klincksieck.

TESNIERE L., 1959, Éléments de syntaxe structurale (ESS), Paris, Klincksieck.

Petite grammaire allemande (phonétique, morphologie, syntaxe), non publiée.

Grammaire française pour étrangers (phonétique, morphologie), non publiée.

La parution du numéro est prévue pour début 2024, année du 70ème anniversaire du décès de Lucien Tesnière, à Montpellier, d’où l’échéancier suivant.

 

Echéancier

Résumés 

Date limite des soumissions de résumés : 15 octobre 2022

Réponse aux auteurs : 15 novembre 2022.

Présentation des résumés :

Les résumés, de 8000 signes au plus, devront comporter :

- nom et prénom de l’auteur, institution de rattachement, adresse postale, mail, téléphone

- un titre

- l’indication de l’axe auquel ils se rattachent

- le corpus et la méthodologie utilisés

- des éléments de bibliographie.

Articles 

Calendrier de remise des contributions :

Date limite de réception des articles : 31 mars 2023

Relecture par le comité scientifique : 31 mai 2023

Retouches et/ou remaniement des articles par les auteurs : 30 septembre 2023

Décembre 2023 : mise en ligne des articles.

Présentation des articles :

Normes rédactionnelles (en Times New Roman, taille 12) : 

https://revue-tdfle.fr/normes-de-redaction

 

Comité scientifique complémentaire au comité scientifique habituel de la revue

Gabriel Bergougnioux

Cristelle Cavalla, Université de Paris 3

Michel Chein, université de Montpellier

Corinne Delhay, université de Strasbourg

Cristiana De Santis, université de Bologne

Meta Lah, université de Lubljana

Jean-Paul Meyer, université de Strasbourg

Franck Neveu, Sorbonne université

Jean-Christophe Pellat, université de Strasbourg

Audrey Roig, université de Paris

 

Annexe

Recensement des 87 langues citées et utilisées dans Tesnière (1959) et classement de ces langues, par Michèle Verdelhan Bourgade (p. 5-6).

Langues indo-européennes

Langues romanes

Catalan

Espagnol

Français

Gascon

Italien

Languedocien

Portugais

Provençal

Roumain (daco-roman)

Langues celtiques

Breton + bas-breton

Gallois

Irlandais (appelé ‘italo-celtique’)

Vieux norois

Langues indo-européennes anciennes

Indo-européen

Latin

Grec

Sanskrit

Avestique ou zend (Iran ancien)

Tokharien (Asie centrale)

Langues i-e iraniennes

Iranien

Persan

Tzigane (rromani)

Autres langues i-e

Arménien

Albanais

Langues indo-européennes (suite)

Langues germaniques

Allemand (+ haut allemand  moyen et ancien) + gotique

Anglais

Néerlandais (dont Hollandais)

Langues scandinaves

Danois

Suédois & vx suédois

Norvégien & vx norvégien

Langues baltes (balto-slave)

Letton

Lituanien

Langues indo-européennes

Langues slaves & vieux slave

Bulgare

Polonais

Russe

Serbe

Serbo-croate

Tchèque

Slovaque

Slovène

Ukrainien

Langues ‘chamito-sémitiques’ (afro-asiatiques)

Langues berbères

Berbère

Kabyle

Tamachek

Groupe égyptien (ancien)

Copte

Egyptien

Langues sémitiques

Arabe

Araméen

Ethiopien

Hébreu

Langues africaines

Nigéro-congolaises

Bantou

Soubiya (Langue du Zambèze ; ex. repris de Guillaume)

Langues du Caucase

Géorgien (kartvélien : caucasique méridional)

Langues ouraliennes (selon LT, ouralo-altaïques

Hongrois (langues ‘finno-ougriennes’ LT)

Finnois

Hongrois

Tchérémisse (ou mari)

Votiak

Zyriène

Groupe altaïque

Japonais

Tatar

Tchouvache

Turc (‘langue turco-tatare’ pour LT ; aujourd’hui ‘turquien’ vs. ‘turcique’)

Langues sino-tibétaines

Chinois

Langues amérindiennes

Chinook (nord-ouest de l’Amérique)

Langues austroasiatiques

Khasi

Langues eskimo-aléoutes

Eskimo

Groenlandais

Langues austronésiennes

Malais (sémitique, en contact intense avec italo-roman méridional)

Samoan

Tonga

Basque

Espéranto

[1] Ou géographie, dynamique des aires dialectales.

[2] Cf. Cop et al. (1994), téléchargeable sur le lien https://revije.ff.uni-lj.si/linguistica/issue/view/360/322.

[3] Accessible sur https://revue-tdfle.fr/numeros/44-actes-1-desir-de-langues-subjectivite-et-rapports-au-savoir-les-langues-n-ont-elles-pour-vocation-que-d-etre-utiles.

 
 
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