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Revue RUSCA - Révoltes

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Appel à contributions
Date
vendredi 1 novembre 2019

Révoltes

Le mouvement des Gilets Jaunes survenu au mois d'octobre 2018 a révélé un profond renouveau des catégories d’appréhension des mouvements sociaux et plus globalement de la notion de révolte. Étymologiquement, de l'italien rivoltare, se révolter signifie « se détourner », par exemple d'une religion, mais aussi se dresser contre l'autorité établie ou contre l'ordre institué. Plus largement, l'idée de révolte renvoie à l'indignation, à la révulsion, au scandale et initie la rébellion et potentiellement la révolution. Contre quel ordre du monde les rébellions actuelles – qu'elles soient politiques ou trans-politiques, identitaires ou libertaires, festives ou destructrices – se dressent-elles, contre quelles autorités établies font-elles volte-face ? De quoi se détournent-elles et quels sont les objets du scandale ? Le prochain numéro de la revue électronique de sciences humaines et sociales Rusca se propose de questionner les changements contemporains qui gravitent autour de cette vaste notion. Tant du point de vue historique, économique, géographique, ethnologique que psychologique et sociologique, le numéro dédié aux Révoltes envisage de donner des pistes de réflexions capables d'en rendre compte. Parmi ces pistes, et à titre non-exhaustif, nous proposons d'interroger les éléments suivants :

  • L'affaiblissement du clivage gauche/droite : si le mouvement des « Gilets Jaunes » partage une bonne partie de ses revendications avec la gauche, celui-ci ne s’inscrit de manière déterminé dans aucun courant politique, ni aucune catégorie préexistante des mouvements sociaux.
  • Les modalités d’action largement issues de l’altermondialisme et des ZAD : les formes d'occupations, de blocages et les pratiques émeutières lors des manifestations sont-elles aujourd'hui vides de conceptions idéologiques ?
  • L'organisation de type horizontale : le refus collectif de la médiation d’une SMO (Organisation du Mouvement Social) centralisant les ressources, l'organisation par les réseaux et médias sociaux - en particulier Facebook - semble s’inscrire dans une nouvelle dynamique alliant révoltes et réseaux.
  • La « liquidité » des contestations telle que l'avait définie Zygmunt Bauman, prenant diverses formes permet à des publics très différenciés sociologiquement et politiquement de se retrouver autour d’un sentiment partagé, d'un symbole : Bonnets Rouges, Gilets Jaunes, Forconi (« ceux qui brandissent la fourche »), les « chemises rouges » en Thaïlande ou plus historiquement les Sans-culottes. 
  • Faisons-nous face à une unité dans les soulèvements locaux et internationaux ou bien à de simples mouvements contestataires et revendicatifs éparses ? 

Le renouveau des catégories auquel nous assistons pose de manière plus globale la reconfiguration du politique. Il apparaît nécessaire de poser les questions d'une socialité et d'une politique post-démocratiques, de la crise de la représentativité et de ce que Max Weber appelait « le monopole de la violence légitime ». De même il est possible d'interroger la place des médias sociaux en politique et des discours potentiellement viraux (rumeurs, complots, etc.), du retour de la revendication au nom du « peuple » ainsi que de l'affaiblissement progressif des corps intermédiaires tels que les partis, les syndicats et de ses conséquences.

Aussi, est-il pertinent d'examiner la notion de « dignité » (exigée et revendiquée par les acteurs de la révolte), les enjeux au cœur des nouvelles formes de révolte comme : la consommation (les slogans « Pouvoir d'achat = pouvoir vivre » actualisent de manière plus ou moins tragique les mots de Jean Baudrillard : « la consommation est devenue la morale de notre monde »), le climat, l'écologie (« fin du monde et fin du mois : même combat ! »), les droits des animaux, ou encore le refus de l'Autre (« Manif pour tous », manifestations de groupuscules identitaires contre les migrants, etc.)... Enfin, il est possible de discuter l'actualisation des formes sociales du « révolté » (de la figure de Prométhée au boxeur Christophe Dettinger en passant par le Captain Ludd et autres figures charismatiques).

Comme le philosophe Miguel Benasayag l'écrivait déjà en 2008 : « Parions que l’on se souviendra de l’article de Jean-Paul Sartre qui disait en substance : "Nous avons toujours raison de nous révolter". [...] s’il y a bien deux concepts qui ne vont plus du tout ensemble, de nos jours, ce sont ceux de raison et de révolte ». Aussi, poursuivait-il « Comment concevoir et penser la révolte dans et pour notre époque ? ». En somme, la révolte est-elle toujours légitime et souhaitable ? Est-elle encore porteuse d'espoir pour des lendemains qui chantent ou s'enferme-t-elle dans la contemplation de son propre spectacle ?

Vos articles (40 000 signes espaces compris maximum) sont attendus pour le 1er novembre 2019 au plus tard.

 
 
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